Le système repose sur un réseau de neurones artificiel à apprentissage profond. Il est composé de centaines de milliers de synapses qui se sont nourris de toute la propagande néoiste existante, incluant The Book of Neoism?!, The Poetical Plunderground of Neoism?! et Reclaiming the Bodymachine. À travers l’espionnage automatisé de ce vaste corpus, la machine construit et prodigue ses propres (més)interprétations du Néoisme?! en direct via une performance machinique participative résultant en une nouvelle forme de lavage de cerveau.
L’œuvre réincarne ainsi l’identité distribuée contemporaine en « toile d’araignée » dans un substrat technologique dotée d’une vie propre. La machine ressemble à un système audio composé de douzaines de connecteurs « jack » représentant un réseau artificiel neurologique en action. Un panneau lumineux situé au sommet de la machine régurgite sans cesse des versets néoistes inédits dans les yeux médusés du public, lessivant tous les cerveaux, qu’ils soient humains, cyborgs, robotiques ou technobiologiques. Les visiteurs peuvent interagir avec les synapses neuronales artificielles en branchant, débranchant et croisant les câblages, venant ainsi déconstruire, reconstruire et même détruire en temps réel la « voix » du système.
Le simple fait que l’explosion du néoisme?! au début des années 80 ait coïncidé avec l’explosion des nouvelles technologies pourrait être un accident de l’histoire. Mais alors que le néoisme?! s’infiltrait au sein d’un réseau de communication mondial, l’intelligence artificielle s’intégrait de façon rapide dans les modes opératoires des technologies de contrôle informatique. Le néoisme?!, une entité-réseau indépendante aux multiples facettes, a réagi aux nouvelles règles de la technologie avec tant de refus que de vision, créant ainsi une plate-forme de subvertissement révolutionnaire.
Concept Technologique
La machine produit en continu du texte généré par un algorithme d’intelligence artificielle du même type que ceux utilisés pour la reconnaissance vocale, la traduction automatisée et l’analyse du langage, soit un réseau de neurones artificiel récurrent à couches profondes. Ce modèle a été pré-entraîné sur une base de données de textes néoistes comprenant près de 2.5 millions de caractères. Cet entraînement lui permets ensuite de générer des nouveaux mots et textes en cherchant à reproduire le style de la base de données néoiste. Les textes générés ne sont pas des copies conformes de tout ou parties des textes originaux, mais plutôt des tentatives du réseau neuronal de créer de nouveaux textes néoistes.
Le réseau de neurones artificiel est une structure purement numérique nécessitant des millions de calculs pour générer chaque caractère. Toutefois, les branchements physiques disposés sur la machine correspondent aux connections neuronales du réseau, permettant ainsi aux visiteurs de manipuler ces connections grâce à une technique nommée brainfuck développée spécifiquement pour l’œuvre. Chaque câble débranché sur la machine déconnecte plusieurs milliers de synapses dans le réseau de neurones, rendant ainsi possible l’action directe sur le système d’intelligence artificiel: débrancher, rebrancher et inverser les câblages permet ainsi de reconfigurer le système et d’en observer immédiatement les effets sur les textes générés.