biographie

Artiste et scientifique, Sofian Audry enseigne les médias interactifs à l’École des médias de l’Université du Québec à Montréal (UQÀM) et co-dirige le réseau international Hexagram pour la recherche-création en arts, cultures et technologies.

Son travail explore les comportements d’agents hybrides à la frontière de l’art, de l’intelligence artificielle et de la vie artificielle, à travers des œuvres et des écrits. Son livre Art in the Age of Machine Learning se penche sur les pratiques artistiques de l’apprentissage automatisé (MIT Press, 2021). Ses projets artistiques se déploient à travers de multiples formes tels la robotique, l’installation, le bio-art et la littérature électronique.

Audry a étudié l’informatique et les mathématiques, l’apprentissage automatisé, la communication et les médias interactifs. Après l’obtention de son doctorat interdisciplinaire en Sciences Humaines de l’Université Concordia, Audry fut stagiaire postdoctoral au Massachusetts Institute of Technology à Cambridge en 2017. De 2017 à 2019, Sofian Audry fut Assistant Professor à l’Université du Maine et à l’Université Clarkson (États-Unis). Membre honoraire du centre d’artiste Perte de Signal (en assurant notamment la présidence de 2009 à 2017), Audry s’implique dans le développement de plusieurs logiciels libres pour les arts numériques.

Ses œuvres et ses recherches ont été présentées dans des événements et lieux d’exposition majeurs à l’échelle mondiale, tels Ars Electronica, Barbican, le Centre Pompidou, Club Transmediale, Dutch Design Week, Festival Elektra, International Digital Arts Biennale, International Symposium on Electronic Art, LABoral, La Gaîté Lyrique, Biennale de Marrakech, Nuit Blanche Paris, Société des Arts Technologiques, V2 Institute for Unstable Media, Muffathalle Munich et le Vitra Design Museum.

DÉMARCHE

Issus d’une fascination pour les systèmes autonomes, adaptatifs et auto-organisés, mes travaux de recherche-création emploient des technologies issues de l’intelligence artificielle et de la vie artificielle dans la construction d’assemblages machiniques évocateurs. Par leur entremise et à travers les relations qu’ils tissent avec le réel, je souhaite m’engager directement au sein des processus naturel-culturels. Mes œuvres ouvertes et stratifiées se ramifient sur différents niveaux de complexité, à l’image de la vie elle-même.

À la fois outil, matériau et activité créatrice, la programmation informatique est la pierre d’assise de ma pratique. Mes algorithmes s’articulent au sein de matériaux multiples, tels l’image, la lumière, le son et le mouvement, engendrant des pièces dynamiques aux formes variées et hybrides. Je privilégie les logiciels et matériaux libres (open source), l’interdisciplinarité et la collaboration, afin que mon travail participe au décloisonnement et à la collectivisation des territoires de l’art et de la science.

Ma pratique emprunte à la science expérimentale et au bidouillage. J’élabore mes projets de manière itérative, à travers de courts cycles de recherche et développement au sein desquelles idées, formes et matière se répondent et s’entrechoquent. Je souhaite ainsi prendre acte de ma propre situation en tant qu’agent incarné en rétroaction constante avec son environnement. Chaque projet devient alors l’occasion d’engager un dialogue avec la matière, d’activer le monde qui m’entoure.

Mes oeuvres récentes mettent en scène des agents électroniques autonomes évoluant directement dans des environnements non-contrôlés, voir hostiles. J’explore les moyens par lesquels ces assemblages précaires, souvent éphémères, peuvent évoluer dans leur environnement et s’y adapter. Prenant comme point de départ les désirs et motivations de ces agents artificiels, j’inverse pour ainsi dire le locus de contrôle, au sens où ni l’artiste, ni le spectateur n’ont de contrôle direct sur l’agent. Mon plus grand défi est de proposer de nouvelles formes d’expérience esthétique par le développement d’œuvres adaptatives utilisant des algorithmes d’apprentissage-machine.