Le processus algorithmique présenté dans ce travail est un réseau de neurones artificiel récurrent connu sous le nom de « long short-term memory » (LSTM) alors qu’il traite ou « lit » le roman Wuthering Heights de l’écrivaine britannique Emily Brontë. Le réseau rencontre le texte caractère par caractère, se familiarisant avec l’univers syntaxique du livre. En lisant et en relisant le roman, cette intelligence artificielle tente lentement et avec hésitation d’imiter le style de Brontë dans les limites de son propre « corps » artificiel, trouvant ainsi sa propre voix étrange.
La reprise de ce discours par une interprète humaine permet à l’auditeur d’assister au voyage de l’agent artificiel à partir d’espaces syntaxiques, de voyelles et de syllabes, créant éventuellement des chaînes de texte intelligibles et des phrases insolites. La lecture via l’utilisation de l’Autonomous Sensory Meridian Response (ASMR) ramène le texte génératif à une échelle humaine intimiste et sensorielle. L’ASMR implique l’utilisation de déclencheurs acoustiques (« triggers ») tels que des chuchotements, le grattage des doigts ou des tapotements, visant à induire chez l’auditeur des sensations de picotement (« tingles ») et une synesthésie auditive-tactile. A travers ces expériences physiologiques autonomes, l’œuvre vise à révéler les qualités cyborgiennes de l’auditeur dans le cadre du système hybride en place.